Jean-Paul raconte ses procès Partie 2

Privas, 1er procès, semaine du 10 au 14 septembre 2007

 

Je ne voulais pas voir l’évidence. Fort de mon innocence, j’étais confiant, persuadé qu’une personne sensée ne pouvait pas croire de pareilles accusations de viol en pleine classe sans que personne ne s’en aperçoive et sans que la soi-disant « victime » ne réagisse.

J’ai trouvé mes avocats brillants. Ils s’étaient partagés la tâche, Maître Vesson étant plus concret. Pendant tout le temps que Maître Florence Rault a parlé, je buvais du petit lait, certain que les jurés ne pouvaient qu’être convaincus. Elle n’oublia pas de parler en tant que mère de famille et des difficultés qu’elle rencontre à chaque fois qu’elle doit mettre un suppositoire à sa fille âgée de 6 ans à l’époque…

Pour le mot final qui me revient, je n’avais rien préparé et j’ai eu tort. Quand la Présidente m’a donné la parole, j’ai dit que je n’avais rien à ajouter, voulant que les jurés restent sur les mots de mes avocats… Maintenant, je sais que cela n’aurait rien changé et que mon sort était scellé bien avant le dernier jour.

Arriva alors le moment fatidique, celui où la Cour se retire pour délibérer. Je ne me souviens plus de l’heure mais je sais qu’il est déjà tard. Je suis inquiet bien sûr, mais toujours confiant quand deux policiers me conduisent dans cette petite salle où, je me souviens, j’avais été amené le 8 février 2002 par les gendarmes de Tournon afin d’être présenté au juge d’instruction. Le cauchemar continuait donc…

Pourtant, je ne resterai pas seul puisque la Présidente, dans sa grande bonté, a autorisé Ghislaine à me rejoindre. Nous nous sommes étreints longuement. Nous avons pleuré devant l’incertitude qui nous gagnait. C’était long, très long. Nous nous disions tout notre amour l’un pour l’autre et pour nos enfants, n’osant pas faire le moindre projet par superstition…. A un moment donné, le policier est venu lui demander de regagner la salle des pas perdus. Pleins d’espoirs, nous nous sommes enlacés, nous nous sommes embrassés avec le fol espoir de rentrer le soir-même à la maison…

Moment terrible que ce verdict, moment que je ne souhaite à personne de vivre. Etre innocent, clair avec sa conscience, et entendre « oui », à la première question, posée aux jurés, c’est une souffrance intolérable. Dès ce premier « oui », j’ai compris, nous avons tous compris que le drame nous frappait. J’ai vu Ghislaine, déchirée par la douleur, Vincent, Simon aussi pouvant à peine se contenir comme toute la famille et mes nombreux amis occupant pratiquement les trois quarts de la salle.

J’étais effondré et le supplice n’en finissait pas : la présidente prenait un plaisir sadique à remuer le couteau dans la plaie, détaillant toutes les questions. Ils ont même dit « oui » pour A., qui a affirmé le contraire et maintenu à la barre malgré la très forte tentative d’intimidation de l’avocat général, qu’elle n’avait jamais été agressée par moi. C’est incroyable, inimaginable, intolérable. Florence Rault me tient la main, m’aide à résister, me dit que ce n’est pas possible, qu’elle n’est pas obligée de tout lire mais c’est ce qui se passe.

Je vois par terre, ce sac du dernier jour que j’ai préparé par superstition, pour conjurer le mauvais sort et… qui va servir ! Qu’est ce que je vais devenir ? Qu’est ce qui va se passer ? Où vais-je tomber ?

C’est fini. Je suis encadré par deux policiers qui me disent de les suivre. Dans la salle, c’est l’émeute : beaucoup de cris, de hurlements contre cette parodie de justice. J’ai à peine le temps de voir le visage de Ghislaine complètement ravagé par la douleur... "

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