Atelier d'écriture, Semaine 7

  • Les amis et proches de Jean-Paul Degache
  • La vie en prison

En ce 300ème jour de détention, nous vous proposons deux articles rédigés par Jean-Paul pour le journal de la prison.

 

Made in China… pardon, in Italy (19/11/2010) 

 

Incroyable retournement de situation, alors que la Chine est devenue l’usine de la planète, ces mêmes chinois sont capables d’inverser complètement leur stratégie comme cela se passe en Italie, à Prato, une ville de 180 000 habitants, située en Toscane. Prato était la cité du textile italien avec 10 000 ateliers très actifs jusqu’au début de ce siècle. La concurrence extrême-orientale a causé la fermeture de nombreuses entreprises libérant des locaux qui ont commencé à être repris par des Chinois. En 20 ans, le nombre de manufactures de textile est passé de 8 141 à 3 300. Par contre, si on dénombrait 2 000 entreprises de vêtements en 1991, elles sont 4 500 aujourd’hui.

Venue de Wenzhou, au sud de Shanghai, une centaine de Chinois est arrivée en 1989. Ils sont aujourd’hui plus de 40 000 dont une bonne partie de clandestins, et travaillent tous dans l’habillement. Avec eux, ces Chinois ont apporté leur modèle économique. Pour produire si bon marché, il faut travailler « à la chinoise », soit pendant 15 à 16 heures par jour, 7 jours sur 7, avec le sommeil et repas pris sur place, dans les ateliers surchauffés ou dans des hangars pleins de courants d’air. Il est très difficile de lutter contre cet esclavage moderne dans un pays où, à Naples, par exemple, des Italiens connaissent pratiquement les mêmes conditions de travail pour alimenter les couturiers de Milan.

Chaque jour, un million de vêtements sont produits par les 4 500 entreprises chinoises de Prato à partir de tissus (laine acrylique, acétate ou polyester) venus de Chine. Alors qu’un mètre de tissu italien revient à 4,50 euros, le tissu chinois ne coûte que 58 centimes d’euro. Alors qu’il faut deux mois à un grossiste européen pour recevoir sa commande partie de Shanghai, les vêtements élaborés à Prato sont livrés dans les pays voisins, en 48 heures. Chaque fin de semaine, camionnettes, breaks ou 4x4 immatriculés en Pologne, en Allemagne ou en France vont livrer la production portant l’étiquette « made in Italy »qui fait référence auprès des consommateurs. Si ce sont les Chinois eux-mêmes qui assurent le transport, son coût peut même diminuer de moitié.

Le chiffre d’affaires de cette industrie atteint les 2 milliards d’euros par an dont la moitié part dans les banques de Wengzhou, une bonne partie de l’argent circulant au noir. Des contrôles sont effectués mais il faudrait dix ans pour visiter tous les ateliers. Les autorités voudraient une vraie coopération italo-chinoise et comptent sur la seconde génération, mieux intégrée, scolarisée, parlant italien mais ce sera long…

 

 

 

Georges Salomon, la bonne trace (19/11/2010) 

 

Georges Salomon vient de décéder à Annecy, à l’âge de 84 ans. Il laisse une trace importante dans le monde du ski pour avoir créé une marque de ski qui s’est imposée dans le monde entier sur le marché des sports d’hiver.

Son père, artisan en scies à bois, l’embauche comme ouvrier mais celui-ci, devant le développement naissant des sports de neige, décide d’investir dans ce domaine et se révèle un grand innovateur. En 1952, il invente les fixations à câble qui remplacent les lanières de cuir pour solidariser le ski avec la chaussure. En 1965, son entreprise met au point les fixations à déclenchement automatique. Salomon devient leader mondial du marché des fixations de ski. L’entreprise s’attaque alors à la chaussure et ringardise les fermetures à crochets en imposant le blocage du pied dans le chausson avec ouverture arrière. En 1988, Salomon fabrique ses skis puis fait un essai dans le tennis mais abandonne pour racheter une société californienne spécialisée dans le golf. En 1991, Georges Salomon laisse la direction de son entreprise, reprise en 1997 par Adidas. Hélas, la marque allemande revend Salomon à un groupe finlandais tout en conservant le golf, et l’usine de ski de Rumilly ferme en 2008. Comme cela se voit trop souvent, les fleurons de notre industrie disparaissent ainsi dès lors qu’ils sont livrés au pouvoir des financiers.

 

Jean-Paul

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