Les débuts professionels de Jean-Paul

Cette semaine, nous profitons de la dernière semaine de vacances scolaires pour publier à nouveau quelques articles qui nous paraissent fondamentaux pour comprendre pourquoi nous sommes persuadés de l'innocence de Jean-Paul.

 

Pour beaucoup de personnes, dont de nombreux jurés des deux procès, Jean-Paul était un instituteur ayant exercé exclusivement dans le village ardéchois de Sarras. Il est donc important pour nous de revenir en arrière, entre 1969 et l’année 1976, date qui marqua sa prise de fonction à Sarras. Si Jean-Paul fut un terrible « prédateur » comme certains avocats ont pu le dire, on pourrait imaginer que les plaintes proviennent des élèves de ces nombreuses écoles…

 

            Jean-Paul a su très tôt qu’il voulait devenir instituteur. Ses expériences en tant que moniteur de colonie lui avaient donné cette envie d’encadrer les jeunes. Ainsi, après avoir eu son baccalauréat en 1969, il saisit sa chance en tant qu’instituteur suppléant. Il dut attendre la fin du mois de septembre pour être appelé, à une quinzaine de kilomètres de Sarras, à l’école d’Etables. N’étant pas sorti de l’Ecole Normale d’Instituteur, Jean-Paul attaque sans avoir reçu de formation spécifique. Il reçoit quand même l’aide d’un titulaire âgé d’une vingtaine d’années qui travaille dans cette école : 

                « C’est donc cet après-midi là, que j’ai eu ma première formation pédagogique…bénévole,  assurée par M. Ce jeune enseignant qui avait peut-être deux ou trois ans de plus que moi, m’a beaucoup marqué. Il était très enthousiaste, très attentif à développer les capacités de chaque élève et adepte convaincu de la méthode Freinet. Je n’en avais bien sûr jamais entendu parler et j’étais séduit par ce que cela apportait à la vie de la classe, donnant à chaque enfant la possibilité d’exprimer et de développer sa propre personnalité. L’idée du texte libre m’a séduit d’emblée et je l’ai appliquée durant toute ma carrière. Chaque enfant pouvait quand il l’entendait, écrire ce qu’il voulait sur le sujet qu’il avait envie de traiter. Ces textes étaient ensuite valorisés en classe et corrigés pour stimuler ceux qui ne se décidaient pas à écrire. Une simple phrase était acceptée comme texte libre… Enfin M. m’a conforté dans mon envie d’enseigner en me présentant ce métier d’une manière fort différente de mes souvenirs d’enfance. Il faut dire que mai 1968 était passé par là et que les relations entre maîtres et élèves avaient bien été remises en question. Nous devions être plus proches de nos élèves, moins autoritaires afin qu’ils soient d’abord et avant tout contents de venir à l’école et heureux en classe. Ainsi leurs résultats scolaires s’en trouvaient bonifiés. »

 

            Cette première année d’enseignement fut agrémentée par un autre remplacement dans une des écoles de Tournon : après une classe rurale, une école de centre-ville ! La deuxième partie de l’année scolaire est marquée par des remplacements dans les écoles d’Annonay, Albon d’Ardèche, Saint-Julien Labrousse l’Albouret, Saint-Péray, Saint-Agrève. Lors de ce dernier remplacement sur le plateau ardéchois, Jean-Paul passa l’intégralité du trimestre. Il revient avec nous sur cette expérience :

            « La classe ne me pose pas trop de problèmes grâce aux précédentes expériences déjà vécues au cours de cette première année d'enseignement. Si j'ai un souci ou besoin de quelque renseignement que ce soit, je m'adresse aussitôt à l'un de mes collègues qui se fait un plaisir de m'aider. Dans la classe, il y a un élève assez difficile mais ça se passe bien parce que je n'hésite pas à emmener mes élèves faire du sport. Les élèves turbulents acceptent de travailler assis à leur bureau s'ils savent que, dans la journée, ils pourront évacuer leur trop-plein d'énergie physique. »


Cette façon d’enseigner, Jean-Paul l’a évidemment pratiquée durant toute sa carrière. Chaque ancien élève pourrait nous l’affirmer. En aucun cas, il ne laissait un élève de côté parce qu’il était turbulent ou en échec scolaire !

 

L’année scolaire suivante (1970-1971), Jean-Paul attaqua par un remplacement annuel dans le Collège d’Enseignement Secondaire du Cheylard. Le principal lui confie les classes où les élèves demeurent en échec scolaire : 6ème et 5ème de transition et 4ème et 3ème pratiques. Comme le dit Jean-Paul, normalement ces postes étaient réservés à un personnel spécialisé et qualifié mais dans certains cas, l’Inspection appelait des remplaçants. Il rajoute : « J'apprends que je vais enseigner dans les deux niveaux et que je dois assurer le Français, la musique et...3 heures d'atelier par semaine. En fait, je me rends compte que certains, filles ou garçons, sont plus grands que moi. Il est même arrivé que certains élèves arrêtent leur scolarité en cours d'année, le jour de leurs 16 ans. Je me souviens de deux filles ayant quitté le collège parce qu'elles étaient enceintes et devaient fonder une famille... »

 

            Par la suite Jean-Paul fit encore moniteur en colonie de vacances à côté d’Agde. Il effectua un remplacement, de septembre à décembre 1971, à l’école de Ripaille à Annonay avant de rejoindre l’armée française afin d’effectuer son service militaire. Vers la fin de l’année 1972, il donna même des cours de français au personnel militaire ! Son retour au sein de l’enseignement le conduisit, toujours en tant que remplaçant, à l’école ardéchoise de Saint-Jeure d’Ay. Les remplacements se succédèrent durant l’année scolaire 1973-1974  puisqu’il dut aller enseigner à Boucieu-le-Roi, à Saint-Gineys en Coiron, au Lycée Marcel Gimond à Aubenas à deux reprises, à Tournon, au collège du Pouzin, à Annonay, l’I.M.E. de Soubeyrand Saint-Barthélémy le Pin, à Saint-Sernin, à Etables, à Viviers, à Tournon, au collège de La Voulte, à Sarras, à Labastide de Juvinas et à Saint-Andéol de Vals.

                                                                                                                                                                                                                   

                Après un stage de formation d’un an à l’Ecole Normale de Privas, Jean-Paul devint en 1975 Titulaire de l’Education Nationale. Cela ne l’empêcha pas de continuer à effectuer des remplacements du côté de Guilherand-Granges, de Saint-Laurent du Pape et à Annonay. Ce n’est que courant 1976, qu’il est nommé à l’école publique mixte de Sarras sur le poste de M. Valla qui fut son instituteur.

          

           Au final, entre 1969 et 1976, Jean-Paul enseigna dans près de 28 établissements situés dans un rayon de moins de 80 km autour du village de Sarras et fut à plusieurs reprises moniteur de colonies de vacances. A ce jour,  AUCUN ENFANT de cette période n’a émis la moindre critique sur son attitude.

 

          Cela signifie que Jean-Paul Degache aurait agi uniquement dans l’école de Sarras, lors d’années bien précises et devant tous les élèves.

 

          Il est toujours curieux de constater le fonctionnement de l'institution judiciaire et des enquêteurs lors d’affaires de ce type. La théorie voudrait que l’enquête s’oriente à la fois vers la recherche de témoins et de victimes visant à favoriser l’accusation, mais également vers la recherche d’éléments qui pourraient montrer qu’il n’y a pas de fondements aux accusations.

 

          C’est ce qu’on appelle une enquête à charge et à décharge.

On se demande donc pourquoi aucun des anciens élèves ni aucun des anciens instituteurs que Jean-Paul a côtoyés avant d’enseigner à Sarras n’a été interrogé et qu’il a fallu que certains d’entre eux, apprenant ce qui était arrivé à leur ancien instituteur, prennent contact avec nous pour nous donner ces éléments.

 

            A aucun moment au cours des deux procès aux assises, la première partie de la carrière de Jean-Paul Degache, qui a duré 8 années, ne fut évoquée. Le fait qu’il ne se soit rien passé alors que Jean-Paul Degache était loin de chez lui, souvent pour de courtes périodes face à des enfants aurait sans doute permis aux jurés de se faire une idée plus précise sur la nature des accusations portées contre cet homme. Cela aurait sans doute donné du crédit aux cris d’innocence de Jean-Paul Degache et ça, visiblement, tout a été fait pour l’éviter.

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