La Feuille d'Hector n°835 du 18 avril 2014

De l’éthique sur l’étiquette  (Éditorial du 18/04/2014)

 

Le temps qui passe bien trop vite n’efface pas toujours les plaies. Le 24 avril dernier, il y a tout juste un an, l’immeuble du Rana Plaza, dans la banlieue de Dacca, au Bangladesh, s’effondrait, tuant 1 138 personnes, en blessant plus de 2 000. Elles étaient toutes en train de travailler pour des grandes marques européennes et américaines, dans des ateliers de confection. C’est ce qui est appelé le low-cost, ces vêtements bon marché que nous achetons tous sans penser à l’exploitation humaine causée par ce type de commerce.

 

Dans le numéro 807 d’Hector, le 21 juin 2013, nous avions titré Le textile qui tue, quelques semaines après cette catastrophe mais, depuis, hélas, il n’y a pas eu d’évolution. La course folle et criminelle vers toujours plus de profit se poursuit.

 

Les grandes marques n’ont pas voulu prendre conscience de leur responsabilité dans cet esclavage moderne. L’absence de normes ainsi que des conditions de travail abusives brisent des vies et mutilent des corps. Aujourd’hui, les victimes du Rana Plaza ayant survécu ne peuvent plus travailler et attendent toujours d’être indemnisées. Pour la France, Auchan et Carrefour sont nommément visés mais seule une mobilisation citoyenne pourrait faire réagir ces donneurs d’ordre qui ne peuvent continuer à se désintéresser de la manière dont est fabriqué ce qui est vendu dans leurs magasins.

 

Pour que l’éthique s’impose enfin sur l’étiquette, il faut des lois obligeant les multinationales à respecter les droits de l’homme et à ne plus porter atteinte à l’environnement. Cette éthique vise à respecter tous les êtres humains. Elle doit nous pousser à adopter une manière de vivre et d’agir favorisant le bien-être de tous.

 

Plusieurs députés français ont déposé un texte de loi à l’Assemblée nationale mais aucune date n’a encore été fixée pour qu’il soit débattu. En Angleterre, en Italie, aux États-Unis, on agit aussi mais c’est bien insuffisant pour que des résultats tangibles soient enregistrés.

 

Si nos pays dits développés n’agissent pas fermement, cette course folle et criminelle vers toujours plus de profit va se poursuivre indéfiniment causant de terribles souffrances aux plus démunis. Le coût du travail devenant trop élevé en Chine, le Bangladesh a pris le relais mais on ouvre maintenant des ateliers au Vietnam, en Birmanie, en Éthiopie…

Jean-Paul

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