La Feuille d'Hector du 31 mai 2013

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Un édito qui a une saveur particulière... Bonne lecture ! 

Ping-pong (Éditorial du vendredi 31/05/2013)

 

Ces jours derniers, Paris a accueilli les championnats du monde de tennis de table, pardon de ping-pong, comme il est bien de dire maintenant. Alors que, pendant des années, la fédération française et ses pratiquants se sont acharnés à chasser ces deux onomatopées rappelant le bruit que fait la balle sur la raquette, voilà que la tendance se renverse puisque la grande compétition organisée au Palais omnisport de Bercy a été baptisée Mondial Ping !

 

Si les chinois n’ont pas inventé le ping-pong lancé en Grande-Bretagne à la fin du XIXe  siècle, c’est un sport qui fait partie de leur culture au point que l’Empire du Milieu domine outrageusement au niveau mondial. Là-bas, on fabrique un champion en dix ans et dix mille heures d’entraînement. Sport olympique adopté aux Jeux de Séoul, en 1988, ses principaux titres sont raflés par les sportifs chinois.

 

Cette domination s’explique sportivement certes mais d’abord culturellement. Avec 17 millions de licenciés raquette en main, le ping-pong se pratique partout, presque à chaque coin de rue. Facile à jouer, nécessitant peu d’investissement, on trouve des tables même sur les lieux de travail. En Chine, ce Mondial Ping est le troisième évènement sportif  le plus important après  les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde de foot.

 

De plus, le ping-pong a l’avantage de mêler toutes les générations. Là-bas, personne n’a oublié que c’est grâce à ce sport que les relations avec les USA ont été renouées. Aux Mondiaux de 1971, à Nagoya (Japon), Zhang Zedong (décédé en février dernier), triple champion du monde, avait offert une image sur soie du mont Huangshan à son adversaire étatsunien, Glenn Cowan. Ce geste symbolique rapprocha les deux pays au point que Richard Nixon se rendit à Pékin l’année suivante.

 

C’est Mao qui encouragea le développement du ping-pong dans son pays au début des années 1960. Aujourd’hui, le champion de ping-pong est une star et Dubaï sponsorise même l’équipe nationale !

Cette domination outrancière au niveau mondial n’a pas que des avantages et inquiète les dirigeants de ce sport car elle décourage les efforts déployés dans d’autres pays. Les résultats étant pratiquement connus à l’avance, l’intérêt diminue vite comme nous avons pu le constater en France, nos pongistes étant trop vite éliminés.

 

Conscients du danger que représente cette suprématie sans partage, les Chinois ouvrent leurs formations aux sportifs étrangers, les accueillant même pour des stages de quatre ans dans l’Académie de Shangaï. De plus, de nombreux pongistes chinois s’expatrient et se retrouvent dans les équipes d’Espagne, d’Allemagne, de France, etc… Ainsi, Yi Fang Xian, naturalisée française en 2005, est à 35 ans, numéro un chez nous. Elle qui n’est que 51e au rang mondial, reconnaît qu’elle aurait arrêté sa carrière depuis longtemps si elle était restée en Chine, poussée vers la sortie par les jeunes. Pour lutter contre les abus de ces naturalisations, la fédération internationale, depuis 2008, interdit de compétition un athlète naturalisé après l’âge de 21 ans.

 

Yi Fang Xian vit en France depuis l’âge de 19 ans mais reconnaît qu’elle doit ses solides bases techniques à l’école primaire où elle a débuté ce sport. Aujourd’hui, elle voudrait devenir entraîneur national mais la bureaucratie à la française l’oblige à passer des concours dont elle n’a que faire alors qu’elle a déjà un diplôme d’entraîneur et un beau palmarès. La France a encore du chemin à faire mais développer ce sport simple et spectaculaire serait un beau challenge.

Jean-Paul

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