Atelier d'écriture, Semaine 10

  • Les amis et proches de Jean-Paul Degache
  • La vie en prison

Voilà plusieurs semaines que Jean-Paul a pu intégrer la Classe Atelier du Journal de la prison. Rappelons que cette occupation lui permet de « s’échapper », quelques heures dans la semaine, de son enfermement. Aujourd’hui, nous vous proposons deux articles écrits par Jean-Paul consacrés à l’agriculture. Bonne lecture.

 

La PAC, qu’es aquo ? (03/12/2010)

 

L’Union Européenne s’apprête à revoir complètement sa Politique Agricole Commune (PAC) pour la période allant de 2014 à 2020. C’est en 2011, que des discussions très serrées vont avoir lieu, entre les 27 Etats membres à propos d’un budget s’élevant aujourd’hui à 55 milliards d’euros et représentant 44% du budget global de l’UE. En 1970, on était à 86,9% et en 1988, encore à 65% de ce même budget.

Quand cette aide directe à l’agriculture a été lancée, en 1962, les 6 pays membres manquaient de viande et de céréales. Il fallait augmenter la productivité du secteur agricole, garantir un niveau de vie correct aux agriculteurs et des prix raisonnables aux consommateurs. L’autosuffisance a été atteinte dans les années 1970 mais ce sont les enjeux environnementaux qui prennent peu à peu de l’importance.

Les espaces ruraux représentent actuellement 91% du territoire européen, regroupant 56% de la population. Pour éviter la désertification, la PAC aide à maintenir une activité économique viable dans les régions reculées en France, en Autriche, en Slovénie, en Finlande ou encore en Irlande. Depuis 1975, les agriculteurs des zones de montagne et des zones défavorisées reçoivent des aides leur permettant de rester et de travailler au pays.

Faut-il privilégier le revenu des agriculteurs, les marchés, l’environnement, le développement des territoires ? Les enjeux des débats à venir sont importants pour l’avenir. La France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Pologne veulent une PAC ambitieuse reposant sur des aides directes importantes pour atteindre des normes sociales et environnementales satisfaisantes. Le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark préfèrent orienter les fonds vers la lutte contre le changement climatique et la sauvegarde de l’environnement.

Une fois de plus, malgré l’accord militaire récent, la France et le Royaume-Uni défendent des conceptions opposées. De l’autre côté de la Manche, les subventions à l’agriculture ne sont pas populaires. Pourtant, leurs exploitants sont gagnants avec les aides directes calculées à partir de la superficie, puisque, dans ce pays, les exploitations font une moyenne de 70 hectares contre une quarantaine en France. Là-bas, les plus grands bénéficiaires sont la famille royale et les ducs, comtes, barons, marquis, gros propriétaires terriens.

En France, beaucoup d’exploitations seraient déficitaires sans les aides directes et les primes diverses apportées par la PAC. Toute réduction budgétaire obligerait l’UE à faire des choix qui auraient des conséquences directes sur la vie de nos campagnes.

Peut-être faudrait-il commencer par rémunérer correctement les produits de la terre pour que chaque agriculteur puisse vivre décemment tout en respectant l’environnement ?

 

 

Le bio gagne du terrain (03/12/2010)


Si le retard français dans le domaine de l’agriculture biologique était sur le point de se combler plus rapidement que prévu ? Le seul fait de se poser la question est un signe encourageant. L’espoir ne vient pas d’en haut, mais de la volonté d’agriculteurs de plus en plus nombreux à vouloir changer. Le Grenelle de l’environnement a fixé la reconversion des surfaces à 6% en 2012 et à 20% en 2020 alors, fin 2009, 16 446 exploitations étaient certifiées, soit 3,14% de l’ensemble.

Aujourd’hui, on peut parler d’explosion car les conversions ont augmenté de 23,4% en 2009 et, pour 2010, on devrait dépasser la barre des 20 000 producteurs ayant opté pour le mode de production biologique. Ne pas utiliser de produits chimiques dans les cultures devient une évidence pour de plus en plus d’agriculteurs soucieux de protéger d’abord leur propre santé et celle de leur famille. Le matériel évolue aussi avec, par exemple, la mise au point d’une bineuse équipée d’une caméra numérique.

Enfin l’argument de la baisse des revenus est mis à mal. Si le rendement baisse de 25 à 40%, la production est payée deux fois plus cher et l’agriculteur n’a plus à acheter des engrais et des pesticides. Dans l’esprit de nos paysans, un mot noble en train d’être réhabilité, l’évolution se fait plus rapidement que prévu parce que la demande de produits bio augmente sans cesse. La France est le second consommateur en Europe derrière l’Allemagne mais ne se situe qu’au quatrième rang pour la production. Les aides financières à la reconversion des exploitations sont versées pendant cinq ans mais les 81 millions d’euros budgétés, avec une participation pour moitié de fonds européens, risquent d’être insuffisants.

Dernier problème et non le moindre : le prix à payer pour les consommateurs. Le seuil acceptable ne devrait pas être supérieur à 15% de plus que les produits non bio mais nous n’en sommes pas encore là parce que les distributeurs cherchent à exploiter le filon en majorant exagérément les prix. La solution spécifique qui semble la plus adaptée, reste alors la vente directe ou dans des magasins spécialisés.

 

Jean-Paul

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